JDR Campagne Colonial Gothic

Là où les les mj recrutent des joueurs pour des parties qui n'ont pas encore de date fixée.
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Greystoke
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Re: JDR Campagne Colonial Gothic

Message par Greystoke »

klepnoth a écrit : 22 juil. 2022, 16:09
Greystoke a écrit : 20 juil. 2022, 23:36 Va falloir rendre sa valeur au point Greystoke.
Sinon @klepnoth , sauf erreur de ma part, tu n'es pas passé par la case présentation, ce qui pourrait être sympa :)
C'est bon , c'est fait! Pataper, pataper ....
J'ai pas besoin de taper, je balance des bananes.
merci à toi.
"Je suis un honnête commerçant." Jebediah Frichet, honnête commerçant jusqu'à preuve du contraire, Grand inquisiteur. Ecryme
"Si tu entends une mélodie, sache que c'était moi." Peymilou de Puycorbeau, barde attachiante. Héros et dragons
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tournicoti
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Re: JDR Campagne Colonial Gothic

Message par tournicoti »

Mon bon abbé Boivin de Fauveau,


L’austre jour, vous m’avez trouvé fort mal en point, accoudé devant l’abreuvoir de l’auberge de Fort-La-Joie. Je dois vous confesser que le fringant jeune officier que vous avez connu dans les jardins de nostre bienveillant gouverneur le marquis de La Jonquière, n’est plus que la loque souffreteuse aux cheveux blanchis que vos yeux étonnés et pleins de miséricorde ont aperçu dans cette bourgade boueuse et perdue.

Les rumeurs qui vous inquiétaient tant à mon sujet, sont, en effet, malheureusement véristables et incontestables. Que le Saint-Esprit protège mon âme des démons rencontrés dans ce pays et qui ont faict de moi l’espave que je suis désormais.
Tout a commencé l’an dernier, cinq jours après celui de l’Assomption de nostre bonne Vierge Marie.

Vous vous souvenez bien que résolu encore de s’opposer au projet formé par les Anglois de rétablir au bas de la rivière Saint-Jean un fort qui avait été détruit en exécution du traité d’Ultrecht ? Monsieur de La Galissonnière jeta les yeux sur le Sieur de Boishébert dont j’étais le jeune protégé*, pour exécuter ce dessein et le fit partir avec 180 soldats, miliciens et de nombreux éclaireurs mohawks et guerriers algonquins.
Depuis Québec jusqu’à Horpank, habitation française, on marcha en raquettes sur la neige, traînant vivres et bagages avec des fatigues incroyables. Lors de ce voyage, nous traversâmes maintes vallées et forêts inexplorées et nous nous égarâmes maintes et maintes fois, rebroussant chemin à travers fondrières et marais gelés.

C’est lors d’un de ces malencontreux et épuisants détours que nous vîmes les premiers signes de vie : empreintes, traces de camps et de chasse et qu’entendîmes parler d’une tribu de sauvages appelés les « cœurs arrachés », jusqu’alors inconnue par tous, sauf nos amis indiens. Ces derniers semblaient les tenir dans une terrible crainte transmise de père en fils depuis des générations, les contacts avec cette tribu et les autres ayant été perdus depuis des temps immémoriaux.. Pourrions-nous rallier à notre cause, ces « cœurs arrachés » qui semblaient être de formidables guerriers ?
Ne souhaitant pas détourner la colonne principale, nous quittâmes le Comte de Boishebert pour accomplir une mission géographique et diplomatique, afin de partir à la chasse de cette tribu inconnue. Boishebert, suivant ses ordres, alla camper au bord de la rivière Saint-Jean et dès que la navigation fut libre, il embarqua son détachement sur des chaloupes et se rendit au havre de Menacacohe. Là, il arbora le blanc pavillon de la France, ainsi qu’il lui était prescrit.

Pendant ce temps, escorté d’un sergent et d’un trappeur et de quatre éclaireurs algonquins et un mohawk , nous traversâmes une forêt immense et lugubre dont la lisière était délimitée par d’étranges pierres levées, comme on en retrouve sur les sommets de notre belle contrée d’Auvergne.
Après trois jour de marche, notre trappeur trouva traces de pas d’indiens. Mais de chasseurs nous devînmes rapidement chassés. Sans se faire voir, invisibles comme des fantômes, des dizaines d’indiens, nous escortaient de leurs cris inquiétants depuis bientôt deux jours et trois nuits.

Comme à la chasse à courre, le gibier fut rabattu là où le chasseur le désirait. Nous arrivâmes dans une vaste clairière qui abritait une quarantaine de huttes en bois. Le comité d’accueil était composé d’une centaine de guerriers emplumés avec des boucliers blancs comme la neige. Celui qui devait être leur chef prit la parole d’une voix forte mais mélodieuse.
Notre guide et interprète mohawk était terrifié. Mais à mon grand étonnement, il m’informa que, comme seul officier, j’étais invité dans la cabane du chef pour me « marier » avec la tribu.

Quittant à mon grand regret, la protection de mes hommes, je fus escorté par deux colosses qui me regardaient comme s’il n’avaient jamais vu homme blanc et civilisé. Lorsque je pénétrais dans la cabane du chef, elle était déjà occupée par les anciens de la tribu. L’accueil fut glacial et ne pipant mot de ce qui se disait autour de moi, j’eût tout loisir d’observer minutieusement les lieux. Chaque paroi de la cabane en bois était sculptée d’horribles figures représentant des êtres malfaisants et gigantesques ressemblant à des hommes au visage d’ours ou de serpent noyé dans une sorte de brume surréaliste. Des braseros diffusant une fumée à l’odeur d’herbe mouillée étaient disposés aux quatre coins de la pièce.

Après bien des heures de palabres incompréhensibles suivies de chants et mélopées étranges, un repas nous fut servi par des jeunes filles au regard enjoué. L’arrivée de ces belles natures, et l’odeur de la viande grillée sembla dérider quelque peu les convives. Bien repus, certains s’adressèrent finalement à moi dans un français maladroit et je compris que par l’intermédiaire du repas, qui ma foi était un véritable régal, nous ratifiions un traité d’amitié éternelle entre eux et moi.

J’essayais de clarifier et expliquais que c’était au nom du bon Roi Louis que l’accord était conclu.
« Ce n’est pas possible, ton Roi n’a pas mangé avec nous» dit le chef dans un français approximatif.
« Seul celui qui mange la viande d’homme est un vrai Kawanis » souligna gravement un vieux guerrier.

D’un coup, il se mirent à rire avec malice, les rires se transformèrent en ricanements puis en gloussements horribles. Certains trépignant des pieds comme de jeunes nourrissons, d’autres se frottant au sol dans une sorte de transe digne du sabbat des sorcières.
A mes pieds, les jeunes filles déposèrent un sac de jute et m’invitèrent à l’ouvrir. Plongeant mes mains dans la toile, si propre d’extérieur, mes mains prises d’un sursaut instinctif reculèrent hors du sac : elle dégoulinaient de sang.

Je compris vite que j’avais ouvert les portes de l’enfer et renversais le contenu du sac devant moi : difficilement reconnaissables, quelques objets de valeur que portaient mes compagnons. Bagues, colliers, médaillons, écus, encrier étaient couverts d’un liquide puant et rougeâtre. Hébété et tremblant, je défaillis et mes jambes ne supportèrent plus mon corps. On me transporta moitié inconscient dans une autre hutte. Dans l’obscurité de cette cabane puante, je découvris en tâtonnant les corps mutilés d’un de mes compagnons. Le corps lui-même portait deux blessures profondes en dessous du cœur, le couteau ayant passé entre les côtes. Le corps était tout ouvert à partir du cou jusqu’à l’abdomen : les côtes de droite étaient dépouillées de leurs chairs, et le cœur, le foie et l’un des rognons manquaient.

Hurlant et vociférant je sortis comme une flèche de cette antre de l’enfer. Je courus à travers le dédale des huttes de ce maudit village. Par la grâce du Très Haut, sans qu’un des guerriers n’ai pu m’intercepter, je réussis à me frayer un chemin à travers les premières futaies. Chassé par ces terribles sauvages, je ne sais comme je réussis à leur échapper et rejoindre Fort Saint-Ange dans un piteux état.
Mais toute ma vie, je me souviendrais de cette traque et de ces sinistres barrissements qui accompagnaient les tambours de guerre tout en faisant trembler à chaque mugissement la forêt et s'écrouler brutalement des arbres centenaires comme un enfant le fait de dominos.

J’ai réussi à m’enfuir de cette terrible forêt, mon corps est sauf, mais je sais qu’au fonds de moi, une part de mon âme est encore là-bas pour toujours au fond de ces bois immenses.
Et à chaque repas, je ne peux m’empêcher de me demander, si ce que l’on me sert, est bien ce qui est écrit sur l’ardoise de l’auberge.
Seul l’alcool m’apporte un peu de réconfort, mes nuits sont depuis lors très longues, car dans mes pauvres couvertures rongées par la vermine, je me débat sans cesse, et je crie et je hurle jusqu’à l’aurore, poussé par la terreur et une faim inextinguible.

Votre ami et dévoué Baptiste de la Tournicole



PS : Contrairement à mes derniers propos, je me sens assez fort pour me remettre sur pieds, contrairement à ce que les trompeuses apparences semblent montrer. Je ne suis pas encore mort et et si la proposition de vos deux étranges compères est encore d'actualité, pourriez-vous leur transmettre ma candidature pour cet inattendu périple ?

*Certains ont dit le mignon, mais Monseigneur, ces laquais parfumés ne peuvent flétrir de leurs lauriers nauséabonds l’amitié virile qui unit deux compagnons d’armes blanchis sous le harnais
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